La toute-puissance du symbolique a toujours été l’apanage des systèmes lâches et faibles. La disparition récente du blog humoristique revue-de-blogs en est la preuve : alors que les gens ne pouvaient comprendre la fonction cathartique de ce lieu de rencontres, en édifiant, implicitement, toute une théorie sur une efficience des mots prétendument supérieure à celle des actes, paris9depression, vive-la-vie013, lameufdujour ont succombé aux petites mesquineries d’individus pour qui le comble de la démocratie est de dire « oui » au plus grande nombre et de faire taire les contestataires… Cette politique, les Américains l’avaient remises au goût du jour avec le notoire sénateur Mc Carthy ; c’était aussi celle d’Adolf Hitler, de l’Inquisition, de Staline…

Dans un système lâche, les mots n’ont plus droit à l’humour. La distinction sémiologique entre le mot et la chose disparaît, et parfois, même, a tendance à se renverser : le mot « dent » mord mieux qu’une bouche de chair et d’os. Et si, pour prendre un exemple, Ambre, que je ne connais pas, me promet de me tailler une pipe, cette promesse sera déjà, pour les lâches, un acte, qui n’a plus besoin de son correspondant dans la vie réelle pour prendre valeur de fait… et le jugement des lâches sur Ambre, que la plupart ne connaissent que de nom, sera catégorique : « Ambre a dit qu’elle taillerait une pipe à ce Mike qu’elle ne connaît même pas : c’est donc une salope ! »

Les mots qui composent nos pensées sont ainsi soumis à un strict contrôle (virtuel)… L’équation est facile à résoudre, les conclusions aisées à tirer : une pensée constituée de paroles toutes faites n’est plus une pensée au sens noble du terme, elle n’est qu’une idée reçue… La toute-puissance des idées reçues n’est possible que dans un système politique où l’esprit critique se tait, c’est-à-dire dans une dictature.

La disparition de paris9depression et de ses alliés est symptomatique d’une certaine manière de diriger le monde… Je n’ose nommer cette idéologie. Et je n’ose écrire dans un style plus limpide, de sorte à duper les esprits malingres du genre GR3E.